Fondements et finalités du plaidoyer

  • Le plaidoyer est un moyen pacifique aux mains des citoyens-ciyoyennes et des groupes pour défendre une cause, formuler de nouveaux programmes, influencer la politique et les prises de décisions gouvernementales ou à l’intérieur d’une organisation quelconque.
  • Le plaidoyer peut être entrepris, pour défendre une cause locale, nationale ou internationale.
  • Le plaidoyer comme finalités vise à entreprendre les actions suivantes :
    • changer les politiques, les positions ou programme d’une institution ;
    • changer ou apporter des réformes dans la structure d’une organisation, d’un système ;
    • influencer la prise de décisions aux niveaux communal ou local, départemental, national et international ;
    • formuler de nouveaux programmes ou de nouvelles lois ;
    • mettre un problème à l’ordre du jour, en offrir la solution ou chercher le soutien d’autres acteurs pour agir tant dans l’exposé du problème que de la recherche de solution ;
    • prendre la parole, attirer l’attention d’une communauté sur une question importante et orienter les décideurs publics et ou privés vers une solution ;
    • argumenter pour défendre ou recommander une idée devant d’autres personnes.

Eléments constitutifs du plaidoyer :

  • Le plaidoyer comprend un ensemble d’éléments constitutifs s’articulant comme suit :
    • La connaissance du problème : Il faut bien connaître le problème c’est-à-dire tous ses aspects, sa complexité sociopolitique et culturelle, et les implications en terme de mobilisation, de coût en ressources humaines, techniques et financières pour savoir si cela vaut le coup.
    • La formulation des objectifs : Il faut fixer des objectifs pertinents c’est-à-dire réalisables qui traiteront réellement le problème, qui peuvent réunir divers groupes ou plusieurs personnes pour en faire un réseau ou une plateforme puissante.
    • L’utilisation des données et la recherche : Ce sont deux éléments vitaux dans toute action de plaidoyer, ce sont eux qui guident les décisions et les messages en termes d’arguments à soutenir.
    • L’identification des publics cibles : Les actions de plaidoyer doivent être dirigées vers les gens qui ont le pouvoir de prendre les décisions, vers des gens qui peuvent influencer les décideurs privés et ou publics, tels les conseillers, les aînés, les personnalités qui ont de l’influence dans les médias, des gens qui peuvent apporter leur soutien morale ou financier.
    • La formulation des messages ou spots de radio: Il faut savoir quel message qui poussera le public choisi à soutenir le plaidoyer et à agir en conséquence.
    • La mise en place de groupe de pression : Le pouvoir du plaidoyer se trouve le plus souvent dans le nombre de gens qui soutiennent son but.
    • La présentation de discours convaincants :Il est important d’avoir une préparation soignée et approfondie d’arguments qui peuvent convaincre les interlocuteurs. Il faut savoir toujours le niveau de responsabilité des interlocuteurs ainsi un leader politique pourra accorder une rencontre de discussion, un responsable d’entreprise 15 minutes par contre un ministre 5 minutes.
    • La mobilisation de fonds : Toute activité que l’on entreprend demande la mobilisation de ressources, il en est de même pour le plaidoyer. Donc il est important de savoir quelle stratégie à mettre en place pour obtenir les ressources nécessaires.
    • L’évaluation des efforts de plaidoyer : L’évaluation est un outil important dans la conduite de plaidoyer, c’est l’évaluation qui permet de savoir si les objectifs ont été atteints et d’améliorer les stratégies de plaidoyer. Une évaluation constante des activités et feed-back sont des atouts pour un plaidoyer efficace.

Efficacité d’un plaidoyer

  • L’efficacité d’un plaidoyer réside dans le montage du dossier. C’est la façon dont le dossier a été monté que le plaidoyer pourrait obtenir l’adhésion du public ou des publics cibles, des décideurs et d’autres groupes de personne ou d’organisation.
  • Le dossier, c’est ce qui permet de mobiliser les efforts de plaidoyer. C’est à partir du dossier qu’on fixe le but et l’objectif ou les objectifs du plaidoyer. Ce dossier ne viendra pas de par lui-même, il doit être monté. Et le montage fait appel à un ensemble de démarches à entreprendre et de règles à respecter.

Démarches à entreprendre :

  • Formuler le problème.
  • Former un Comité de Gestion et de Traitement des informations.
  • Elaborer le plan de recherche d’information.
  • Choisir les méthodes de collecte de données (enquêtes, interview, discussions dirigées en groupe, lecture de discours, de journaux, de documents…)
  • Etablir des critères de vérification et de contrôles des informations.
  • Identifier les sources d’information.
  • Identifier les facteurs internes et externes qui peuvent faciliter l’accès aux informations.
  • Identifier les facteurs internes et externes qui peuvent entraver l’accès aux informations.
  • Faire le tri des informations.
  • Monter le dossier.

Règles à appliquer :

  • Bien connaître le problème ou la situation.
  • S’assurer de la pertinence des informations.
  • Être objectif.
  • Éviter les jugements de valeur.
  • Ne pas faire des interprétations.
  • Laisser parler les informations.
  • Écarter toutes informations à caractère personnel.
  • S’informer des antécédents entre un membre du groupe ou le groupe et une source d’information de même pour un réseau ou une plateforme.
  • Veiller à ce que les informations ne soient pas utilisées à des fins personnelles par un membre du groupe, du réseau ou de la plateforme.
  • Ne pas révéler les informations reçues d’un informateur ou une informatrice à un ou une autre.
  • Respecter la confidentialité des informateurs clefs ou pas.
  • Ne pas rendre public une information sans l’avis de l’informateur ou de l’informatrice.
  • Éviter des déclarations publiques sur l’avancement du dossier.
  • Éviter les détails superflus dans le montage du dossier.
  • Ne pas mettre en œuvre le dossier s’il y a des interrogations qui n’ont pas été enlevées sur une information jugée vitale pour démarrer le plaidoyer.
  • S’assurer que le dossier a l’approbation de tous les membres du groupe, du réseau ou de la plateforme.

Bonnes pratiques de réussite d’un plaidoyer

  • Pour réussir un plaidoyer, l’essentiel, c’est de se concentrer sur les publics qui peuvent réellement avoir un impact considérable sur le processus décisionnel.
  • Il ne s’agit pas simplement d’identifier les publics cibles, il est important de les étudier sinon il risque d’avoir des effets de surprise qui peuvent démotiver les membres du groupe, du réseau ou de la plateforme voire compromettre les efforts du plaidoyer. Donc il faut recourir à des méthodes notamment :
    • L’observation : C’est la manière de réunir des informations sur les publics en un laps de temps et à moins de coup dans le sens des efforts à déployer. Il s’agit donc :
        • De parler aux gens qui connaissent bien le groupe ou les personnes ;
        • D’apprendre ce que les publics pensent vraiment du sujet ou du problème ; leur véritable opinion afin de savoir leur position officielle ;
        • De chercher à avoir le discours ou autres documents rédigés par les organisations, institutions ou personnes clefs ;
        • De revoir les résultats des sondages existants, des enquêtes ou des groupes de discussions ;
        • D’assister à des réunions ouvertes où la personne ou le groupe, le réseau ou la plateforme à travers des représentantes et ou représentants prendra la parole ou participera.
    • Enquêtes / sondages : Ces techniques sont généralement utilisées pour se familiariser avec de larges publics tels que les électeurs, les parents ou les jeunes. Il s’agit dans ce cas :
        • De s’informer si d’autres sondages sont prévus par les médias, les bailleurs de fonds ou les agences publicitaires ;
        • De s’assurer que les enquêtes ou les sondages ont été réalisés par des organisations que le public primaire trouve crédibles.
    • Discussions dirigées en groupe : Cette méthode permet d’avoir une connaissance intime de ce que les gens pensent et pourquoi. Elle permet aussi de tester les messages en matière de décisions politiques. Cependant, certaines précautions sont à prendre. Il s’agit à ce niveau :
        • De limiter les discussions à quelques thèmes étroitement définis ;
        • De s’assurer que les caractéristiques des participantes et participants sont analogues pour qu’elles-ils se sentent à l’aise en partageant ce qu’elles-ils pensent vraiment.
    • Interviews : Cette méthode est appliquée dans le cas où vous ne disposez pas d’enquête et ou/si vous ne pouvez pas vous payer le luxe de faire une enquête, une discussion de groupe, alors vous organisez une interview avec un ou plusieurs représentants de votre public. Cependant, il s’avère important de prendre en considération ce qui suit notamment :
        • De veiller à ce que les questions soient limitées à quelques sujets ou problèmes clés ;
        • De vérifier à ce que les personnes interviewées soient vraiment représentatives de leur public.

Importance de l’utilisation des médias

  • Les messages destinés à faire passer par les médias (radio, télévision, journaux, magazines, revues, bulletins communautaires) doivent faire l’objet d’un traitement soutenu surtout pour la radio et la télévision lesquelles constituent de puissants transmetteurs d’information à tous les secteurs de la société. Ainsi, il faut tenir compte du caractère quasi émotionnel inhérent à ce domaine, car les médias d’aujourd’hui s’intéressent en grande partie aux informations ou aux diffusions de nouvelles d’un caractère frappant ou les liens entre telle question d’actualité et un événement qui est en train de se passer.
  • Dans les relations avec les médias puisqu’ils représentent un atout majeur ou encore un élément stratégique en matière de communication, il est important de bien soigner les relations avec eux. Quelques conseils pour bien utiliser les médias notamment :
    • D’identifier les journalistes qui couvrent les sujets ou les thèmes en lien avec le sujet du plaidoyer ;
    • De chercher à avoir de bonne relation avec ces journalistes en les contactant le plus régulièrement que possible ;
    • De chercher à faire connaissance avec les bureaux locaux ou nationaux des médias avant de les contacter ;
    • De se renseigner sur les reportages qui les intéressent et le type d’orateur-oratrice ou présentateur-présentatrice qui attirera leur attention ;
    • De respecter les heures de bouclage des journalistes et montrer leur la manifestation d’un grand intérêt pour leur travail ;
    • De tenir compte de leurs contraintes en étudiant ensemble avec le meilleur moyen pour y arriver à un accord ;
    • De veiller à ce que les phrases soient percutantes et résument le message lors d’une interview. Dire l’essentiel de manière persuasive, efficace et en peu de mots ;
    • De veiller à ne pas répondre à aucune question dont on n’a pas la réponse. D’être honnête avec le ou la journaliste, ne pas jouer au bluff cela peut s’avérer fatal pour la réussite du plaidoyer. Car les journalistes aiment revenir sur une question déjà abordée lors d’une interview antérieure. Donc il faut tenir promesse si on lui avait promis d’apporter la réponse.
    • De veiller à ce que l’on expose au journaliste les points saillants, ensuite les données générales, car l’interview risque toujours de ne pas durer aussi longtemps que l’on avait prévu ou espéré. Donc, avoir toujours le réflexe de faire le maximum de capital social et politique suivant le message que l’on veut faire passer aussitôt que l’on a la parole.