Inclusion sociale et problématique des groupes vulnérables et marginalisés

Le terme d’inclusion sociale s’est imposé à mesure que les défis de la mondialisation tels que le changement accéléré, la précarité et la fragmentation, entrainaient une redéfinition de la politique sociale des gouvernements. L’exclusion, son opposé, est en effet apparue comme un phénomène social depuis la seconde moitié du vingtième siècle en conséquence des transformations structurelles des sociétés, de la globalisation économique et de l’érosion des rôles sociaux liés à la famille et aux classes sociales en particulier. Bien que l’égalité devant la loi ait fortement progressé dans la plupart des pays du monde, certaines stratifications et pratiques sociales favorisant l’inégalité se sont, en parallèle, développées.

En s’appuyant sur la pensée de Pierre Bourdieu, on peut également souligner la persistance de ces inégalités, entretenues par les capitaux culturel, économique et social des individus, dont les prises de décision sont conditionnées par les structures sociales qu’ils ont intériorisées. On peut considérer qu’un individu ou un groupe est exclu lorsqu’il n’a pas accès aux droits humains élémentaires. L’exclusion comporte par conséquent plusieurs dimensions: sociale, économique, politique, civile, culturelle, relationnelle, numérique, générationnelle et de sexe. Elle peut s’exprimer à travers la pauvreté, le chômage ou la précarité dans le travail, les déficits éducatifs, le handicap, la dépendance, la surcharge de tâches ménagères, les discriminations (de sexe, d’orientation sexuelle, de religion ou d’origine ethnique) ou l’affaiblissement des relations communautaires.

Parmi les inégalités sociales, l’inégalité de genre demeure un enjeu majeur de par sa persistance et de par son ampleur : elle touche tous les pays du monde et concerne potentiellement la moitié de la population. Le traitement inégal et discriminatoire envers les femmes se reflète dans toutes les sphères de la vie en société et rappelle l’importance de faire des rapports sociaux équitables une priorité des politiques sociales à tous les niveaux, y compris au niveau local.

« L’inclusion sociale est la réponse politique à l’exclusion. La plupart des analyses sur le racisme et le sexisme, par exemple, sont axées sur la suppression des barrières systémiques empêchant une participation réelle, ainsi que sur l’égalité des chances. Ces analyses tendent à adopter un point de vue essentialiste et, conséquemment, ne sont pas en mesure de développer une vision complète tenant compte de toutes les sphères d’injustice. L’inclusion sociale ne requiert pas simplement l’élimination d’obstacles ; elle nécessite une perspective élargie prenant en considération tous les facteurs en jeu.

L’inclusion sociale est proactive et antidiscriminatoire. Elle ne vise pas une protection passive des droits, mais plutôt une intervention active pour promouvoir ceux-ci. Elle donne à l’État la responsabilité d’adopter des politiques permettant d’assurer l’inclusion de tous les membres de la société (et non seulement les citoyens officiels, les consommateurs ou les contribuables).

L’inclusion sociale, en vertu du fait qu’elle est à la fois un processus et un résultat, permet de responsabiliser les gouvernements et les institutions par rapport à leurs politiques.

L’efficacité d’un gouvernement sera jugée en fonction de la mesure dans laquelle il fait progresser la situation des groupes les plus vulnérables et marginalisés de la société comme les femmes et les filles.

L’inclusion sociale est une question de défense des droits et de transformation. C’est une question de lutte et de volonté sur le plan politique pour éliminer les obstacles à une participation pleine et équitable de tous les membres d’une société.