Fondements et principes de l’inclusion sociale

  • Le concept d’« inclusion sociale » est fondé, notamment, sur les connaissances actuelles en matière de pauvreté et d’exclusion sociale, et il est complémentaire aux théories relatives au capital social et aux déterminants de la santé. Toutefois, le concept d’inclusion sociale se distingue des autres en étant normatif plutôt que descriptif.
  • En d’autres termes, le principe d’inclusion sociale est basé sur une stratégie de changement et sur des perspectives concrètes quant à l’amélioration des conditions de vie des citoyens et citoyennes.
  • Les stratégies d’inclusion sociale sont issues de l’analyse du concept d’exclusion sociale, qui est lui-même une extension de la notion de pauvreté. Il est donc important d’examiner avec attention ces deux notions fluides que sont la pauvreté et l’exclusion, d’où le concept d’inclusion sociale tire sa source. 
    • La pauvreté sur le plan international fait depuis longtemps l’objet de débats. À la base, la pauvreté est associée à un manque de ressources financières. Le débat traditionnel établit une distinction entre les concepts de la pauvreté « absolue » et de la pauvreté « relative ». La pauvreté absolue réfère à « l’absence d’un niveau de revenu suffisant pour se procurer des biens nécessaires à la survie » * (Bourgignon 1999 : 1). La théorie de la pauvreté relative, quant à elle, tient compte des inégalités globales au sein d’une société. Selon celle-ci, une personne est pauvre si son revenu est inférieur à un certain pourcentage du revenu moyen ou médian d’une population donnée. Même si elles ne s’entendent pas toujours sur les concepts de pauvreté absolue et relative, les différentes sources documentaires sont néanmoins axées sur les mêmes préoccupations, c’est-à-dire « l’argent, l’argent et l’argent » (Kunz, 2003). Mitchell et Shillington (2002) ont également fait remarquer que pratiquement tous les analystes définissent la pauvreté comme un concept lié à l’insuffisance du revenu.
    • Selon Grace Edward Galabuzi : « La notion d’exclusion sociale réfère de façon générale aux structures et aux processus dynamiques d’inégalité envers certains groupes de la société qui, au fil du temps, structurent l’accès à des ressources essentielles qui déterminent la qualité de la participation à la vie sociale et, en bout de ligne, produisent et reproduisent un ensemble complexe d’aboutissements sociaux. L’exclusion sociale est donc à la fois un processus et un résultat.

L’exclusion sociale de personnes et de groupes peut devenir une menace majeure à la cohésion sociale et à la prospérité économique de la société dans son ensemble (Saloojee, 2001). L’exclusion sociale est en grande partie une expérience de vie qui « survient dans différents contextes et touche différents groupes, dont les enfants de la rue, les ex-détenu(e)s, les parents seuls et les membres de minorités ethniques. Une gamme tout aussi variée de facteurs peut en être la cause, incluant le chômage, la maladie, le manque d’instruction ou l’impossibilité de trouver un loyer à prix abordable. » (Guildford 2000 :

L’exclusion a souvent des origines historiques qui sont reproduites par des structures traditionnelles ou nouvelles dans la société contemporaine. Saloojee (2001 : 2), par exemple, a défini de la façon suivante les sources multiples et variées de l’exclusion : • Sources structurelles/économiques (conditions économiques injustes, faibles salaires, marchés du travail ambivalents et ségrégués, etc.); • Oppression historique (colonialisme); • Discrimination; • Absence de reconnaissance juridique/politique; • Refus d’accepter les structures institutionnelles/civiques; • Auto-exclusion.

La solution à l’exclusion est l’intégration. La responsabilité de la solution incombe à la société. Seul le courant dominant de la société a la capacité de partager l’intégration et d’élaborer les mécanismes qui suppriment les obstacles à l’intégration. La charge en revient à la société et aux gouvernements, et non pas à ceux qui vivent l’exclusion. Ainsi, la solution à l’exclusion est l’intégration, que nous appelons ici « inclusion ».

 

Qu’entendons-nous réellement par inclusion ?

  • Le terme inclusion est utilisé par la plupart des gens dans la vie de tous les jours. Nous nous sentons inclus ou exclus, par exemple, de notre famille, de notre quartier ou des activités de notre collectivité. (Shookner, 2002). Toutefois, être inclus socialement ne signifie pas seulement prendre part à la vie sociale et se sentir apprécié ; cela signifie également posséder « les ressources matérielles et sociales nécessaires pour bien vivre ». La Laidlaw Foundation, qui a réalisé un travail considérable sur l’inclusion sociale au Canada, suggère d’ajouter à la définition de celle-ci les éléments suivants, qui sont essentiels à notre compréhension du concept :
    • « Travailler dans le sens de l’inclusion sociale, c’est faire en sorte que tous les membres d’une société y soient appréciés pour ce qu’ils sont, plutôt que d’essayer de les faire entrer dans un moule.
    • Le concept d’inclusion sociale est normatif (fondé sur des valeurs) plutôt que descriptif. Il nous aide à nous fixer des objectifs plus élevés, à mieux comprendre ce que nous voulons réaliser et ce que nous devons changer. Il nous permet de développer des indicateurs axés sur l’avenir, plutôt que de simplement réunir des données sur ce qui ne fonctionne pas.
    • Le programme d’inclusion sociale est évolutif ; il nous guide vers les changements de politiques publiques, d’attitudes et de pratiques institutionnelles nécessaires.
    • Pour réaliser l’inclusion sociale, nous devons non seulement éliminer les obstacles, mais également investir et prendre des mesures pour réunir les conditions nécessaires à l’inclusion. »