Sexisme ordinaire, harcèlement et violence faite aux femmes

A. Sexisme ordinaire.

Définition.

  • La discrimination sexiste ou de genre, également connue sous le nom de sexisme, est un préjugé, une attitude ou un mépris pour l’autre selon le sexe ou le genre. Il s’agit donc d’un comportement par lequel les gens sont sous-évalués, stéréotypés ou ségrégués selon qu’ils sont des femmes ou des hommes.

Origine de la discrimination sexiste

  • Le genre est un sexe construit socialement. Pour cette raison, les attitudes sexistes promeuvent des stéréotypes basés sur des croyances, des affirmations et des dogmes sur différents rôles du genre. Et, plus important encore, ils se sont installés socialement et traditionnellement au fil du temps. Par exemple, considérons que l’homme est le « chef de famille » de l’économie familiale et que la femme devrait se limiter à prendre soin des enfants à la maison. Cette attitude, en plus d’être rétrograde, engendre un dommage psychologique profond et prolongé sur la victime.
  • Mais, faites attention. Bien que la première forme de sexisme à avoir été identifiée était contre les femmes, ce mot ne devrait pas être utilisé comme un synonyme de machismeLe sexisme n’est pas exclusif au sexe féminin, mais une forme de discrimination qui se réfère aux deux sexes.
  • Ce concept ne dépend pas seulement des individualités, mais dans certaines institutions sociales, il est complètement intégré. Tel est le cas, que de nombreuses enquêtes soutiennent que le sexisme est normalisé et passe inaperçu. Nous ne sommes généralement pas conscients que nous soutenons indirectement ces préjugés sexistes, parce que nous ne les reconnaissons même pas lorsque nous les avons devant nous. Quelles sont ces formes de sexisme ?

Formes de discrimination sexiste

  • La connotation du langage.- Le sexisme se manifeste parfois dans quelque chose d’aussi banal que le langage que nous utilisons pour nous adresser les uns aux autres. Par exemple si nous voulons évoquer la force ou la virilité, nous disons plutôt « vous êtes un coq », « vous êtes un véritable taureau » ou « vous semblez plus rusé qu’un renard ». Cependant, au contraire, le féminin de ces adjectifs a une connotation très négative envers les femmes « tu es un poule mouillée », « tu ressembles à une vache » ou « tu es une chienne ». Alors qu’une femme peut être « comme une fille », un petit garçon est déjà « un petit homme entier ».
  • Sexisme bienveillant. –Attention à la bienveillance excessive ! C’est une chose que l’homme ouvre la porte pour que les dames passent devant (« les dames d’abord »). C’en est une autre si, dans une toute autre occasion, la femme cédant la place à l’homme, celui-ci refuse le geste. Là, nous avons un problème. Il est connu comme le sexisme bienveillant et, malheureusement, fait partie de nos coutumes. Mais ce comportement de laisser la place aux dames peut aussi jouer un tour aux hommes. Bien des fois, il peut être considéré par ces dames comme une forme de discrimination sexiste et elles les étiquettent comme macho ou paternalistes. Cependant, rien n’est plus éloigné de la réalité. L’éducation n’est pas de la sous-estimation.
  • Compliment sexiste.- Cette forme de sexisme est beaucoup plus subi par les femmes. Il est habituel pour elles d’entendre des compliments ou des commentaires abusifs en pleine rue de la part d’ouvriers sur des échafaudages. Et même si cela peut sembler flatteur de recevoir des éloges, beaucoup de femmes ont peur de s’aventurer en certains passages ou de déambuler seules dans selon les rues. C’est pour le moins inconfortable et très violent.

 

B. Harcèlement

Définition

  • Le harcèlement sexuel comme « le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ».


Manifestation du harcèlement

  • Le harcèlement sexuel peut par exemple prendre la forme d’allusions à caractère sexuel, de messages suggestifs, etc. On parle souvent de harcèlement sexuel au travail, mais elle peut également avoir lieu dans la rue, dans les transports, entre voisins ou membres d’une même famille, etc.

Différences entre harcèlement sexuel et agression sexuelle

  • Le harcèlement sexuel ne doit pas être confondu avec l’agression sexuelle, qui suppose un contact physique non-consenti (exemple : des attouchements) et exercé avec violence, contrainte ou menace ;

Harcèlement moral

  • Il se définit comme étant des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits et à la dignité d’autrui, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. Les éléments constitutifs d’un harcèlement moral peuvent prendre de nombreuses formes, telles que des dénigrements à répétition, des pratiques visant à isoler le salarié, des sanctions disproportionnées prises à son encontre par sa direction, etc. Il peut concerner un salarié, mais aussi un candidat à l’embauche, à un stage ou à une formation.

 

C. Viol

  • Selon Amnistie Internationale, les définitions légales du viol varient selon les systèmes juridiques, et il n’existe en droit international aucune définition universellement reconnue.
  • La version finale du projet de texte définissant les éléments constitutifs des crimes énoncés dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale donne du viol la définition suivante : « 1. L’auteur a pris possession du corps d’une personne de telle manière qu’il y a eu pénétration, même superficielle, d’une partie du corps de la victime ou de l’auteur par un organe sexuel, ou de l’anus ou du vagin de la victime par un objet ou toute partie du corps. 2. L’acte a été commis par la force ou en usant à l’égard de ladite personne ou d’une tierce personne de la menace de la force ou de la coercition, par exemple, menaces de violences, contrainte, détention, pressions psychologiques, abus de pouvoir, ou bien à la faveur d’un environnement coercitif, ou encore en profitant de l’incapacité de ladite personne de donner son libre consentement. »
  • Le viol est un crime qui associe violence, agression et domination. Il provoque des souffrances physiques et mentales aiguës. Pour Amnesty International, il s’agit d’un acte de torture dont l’État est responsable s’il ne fait pas preuve de la diligence requise pour empêcher, punir ou réparer le crime. Les lois relatives au viol sont souvent inadaptées et, dans beaucoup de pays par exemple, le viol conjugal n’est ni reconnu ni interdit.
  • Le droit international fait obligation aux États de prendre des mesures positives pour interdire et empêcher le viol, ainsi que d’engager des poursuites et d’appliquer les peines prévues, quel que soit l’endroit où le viol a été commis, et que son auteur soit un agent de l’État, un mari violent ou un parfait inconnu. Au-delà de la sphère privée, Amnesty International dénonce depuis des années – au travers de ses recherches et actions – l’utilisation du viol comme arme de guerres dans les conflits armés.

 

D. Violence faite aux femmes

  • La Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes du 20 décembre 1993, définit  en son article premier « la violence à l’égard des femmes comme étant tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».
  • La Convention interaméricaine sur la prévention, la sanction et l’élimination de la violence contre la femme (Convention Belém do Pará, Brésil, adoptée le 9 juin 1994, lors de la vingt-quatrième session ordinaire de l’Assemblée Générale) en son article premier par définition entend par « violence contre la femme tout acte ou comportement fondé sur la condition féminine qui cause la mort, des torts ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychiques à la femme, aussi bien dans sa vie publique que dans sa vie privée. »


Typologie de la violence à l’égard des femmes

  • La Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes du 20 décembre 1993, détermine en son article deuxième une typologie la violence revêtant les formes énumérées ci-après :
  1. La violence physique, sexuelle et psychologique exercée au sein de la famille, y compris les coups, les sévices sexuels infligés aux enfants de sexe féminin au foyer, les violences liées à la dot, le viol conjugal, les mutilations génitales et autres pratiques traditionnelles préjudiciables à la femme, la violence non conjugale, et la violence liée à l’exploitation ;

  2. La violence physique, sexuelle et psychologique exercée au sein de la collectivité, y compris le viol, les sévices sexuels, le harcèlement sexuel et l’intimidation au travail, dans les établissements d’enseignement et ailleurs, le proxénétisme et la prostitution forcée ;

  3. La violence physique, sexuelle et psychologique perpétrée ou tolérée par l’État, où qu’elle s’exerce.
  • La Convention interaméricaine sur la prévention, la sanction et l’élimination de la violence contre la femme (Convention Belém do Pará, Brésil, adoptée le 9 juin 1994 en son article deuxième détermine le milieu dans lequel se produisent les formes de violence contre la femme :
  1. se produisant dans la famille ou dans le ménage ou dans toute autre relation interpersonnelle, que l’agresseur ait partage ou non la même résidence que la femme, se manifestant, entre autres, sous forme de: viols, mauvais traitements ou sévices sexuels;

  2. se produisant dans la communauté, quel qu’en soit l’auteur, et comprenant entre autres, les viols, sévices sexuels, tortures, traite des personnes, prostitution forcée, séquestration, harcèlement sexuel sur les lieux de travail dans les institutions d’enseignement, de santé ou tout autre lieu; et

  3. perpétré ou tolérée par l’État où ses agents, ou qu’elle se produise.

Conséquences de la violence spécifique faiteaux femmes et aux filles

  • La violence spécifique faite aux femmes et aux filles, est l’une des violations des droits de l’homme les plus étendues.  Les investigations réalisées signalent que les femmes et les filles soumises à des situations chroniques de violence font face à de sérieux problèmes affectant leur santé physique et mentale se caractérisant pour les femmes par :
    • Les blessures présentant des ecchymoses, coupures, brûlures, commotions, fractures, fausses couches.
    • Les problèmes de santé chroniques traduisant par des troubles du sommeil, des problèmes gastro-intestinaux, de la perte d’appétit, des maux de tête et de dos.
    • La mortalité.
    • Les troubles psychologiques qui se manifestent par la perte de l’estime de soi, la dépression, le stress, l’anxiété, les attaques de panique, le désespoir et les tentatives de suicide.
    • Les symptômes du syndrome de stress post-traumatique qui s’expriment par un sentiment de peur ou d’impuissance, des cauchemars, d’évitement des gens et endroits associés au traumatisme, d’irritabilité et d’hyper-vigilance.
    • La fuite dans l’alcool, les drogues ou les médicaments.
    • L’isolement social.
    • Les grossesses non désirées, les maladies sexuellement transmissibles et le VIH-SIDA, les complications lors de la grossesse et les douleurs pelviennes inflammatoires.
  • Et pour les filles par :
    • Le risque de blessures et d’agressions sexuelles.
    • Les problèmes affectifs et comportementaux analogues à ceux des enfants victimes de mauvais traitements physiques.
    • Les symptômes du syndrome de stress post-traumatique se manifestant par la crainte, l’irritabilité, les cauchemars, les explosions de colère, l’évitement des situations rappelant les actes de violence vécus.
    • L’agressivité, l’hyperactivité et les difficultés à se concentrer.
    • Les troubles d’apprentissage et le décrochage scolaire.
    • Les fugues, la délinquance et les grossesses à l’adolescence.
    • L’isolement, la dépression et les idées suicidaires.
    • Le risque de reproduire, à l’âge adulte, les comportements des victimes ou des agresseurs, selon le cas.
  • Les effets de la violence ont aussi des impacts sur la société et l’économie se traduisant par : 
    • La transmission intergénérationnelle de la violence.
    • La qualité de vie réduite.
    • La dégradation du capital social,
    • La participation réduite dans l’espace politique et les sphères de décisions de la vie nationale.
    • L’absentéisme au travail, la baisse de la productivité et les licenciements.
    • La dépendance économique des femmes.
    • Les coûts associés à l’intervention policière, aux services juridiques et correctionnels, aux services de santé, aux services de consultation, aux maisons de transition ou d’hébergement des victimes.
  • Les conséquences néfastes des violences spécifiques faites aux femmes et aux filles ne les affectent pas seulement, mais également leurs familles, leurs proches, leur communauté et leur pays. Elles ont des impacts macroéconomiques notamment sur les budgets nationaux, les politiques publiques et plus globalement sur le développement. À cet effet, la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, lors de la 4ème Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes (Beijing , 4-15 septembre 1995), souligne que « Les violences familiales nient aux femmes la possibilité d’un développement personnel, limitent leurs potentialités, restreignent leur liberté et leur créativité, les isolent du monde au lieu de faciliter leur intégration, ne leur permettent pas de choisir, et ne respectent pas leurs droits humains de base, leurs droits à l’intégrité physique et psychologique. »